Mouhaïle SORRY

Ressortissante de Coumbani dans la commune de Titao

 

« La saison agricole 2022-2023 n’a pas du tout été bonne dans notre localité et en plus de cela des djihadistes sont venus à deux reprises nous chasser de nos terres en pleine période de récoltes, sans que nous ne puissions emporter quoi que ce soit. »

Nous confie Mouhaïle SORRY, cette jeune mère de 23 ans accueillie à Ouagadougou par sa tante dans un quartier non loti de la capitale.

Représentant 51,7% de la population burkinabè selon les résultats du cinquième recensement général de la population et de l’habitat de 2019 de l’institut national de la statistique et de la démographie (INSD), les femmes et jeunes filles sont en général, les plus exposées et les plus vulnérables face aux multiples défis climatiques et sécuritaires qui minent le pays des hommes intègres.

Exerçant autre fois l’agriculture, l’élevage et le commerce dans leurs localités respectives, ces femmes et jeunes filles vivent aujourd’hui dans la précarité dans la capitale et condamnées jusque-là à la mendicité, à la prostitution et à toutes formes de violences après avoir tout perdu : bétails, récoltes et terres.

«  Les terroristes nous ont tout pris ; ils ont brûlé nos maisons, nos récoltes  et emporté nos bétails. Ils nous ont pris tout simplement la vie »

nous confient plusieurs d’entre elles qui rasent les rues de Ouagadougou à la recherche de leurs pitances quotidiennes, tout en affrontant les viols et le mépris, les injures, les tentatives d’enlèvement de certains usagers de la route.

Celles qui ont encore un peu de courage, se présentent dans des bas-fonds de proximité exploités par des connaissances, dans l’espoir de bénéficier d’un petit espace de culture, mais malheureusement, le manque d’eau dans ces espaces de maraîchage en saison sèche constitue un véritable obstacle à la pratique de cette activité qui, pourtant, peut être salvatrice pour ces femmes et jeunes filles en difficulté. Celle qui ont accepté nous ouvrir leurs portes vivent à proximité de la ceinture verte de la capitale déjà exploitée par certaines associations qui pratiquent l’agroforesterie sous autorisation de la commune de Ouagadougou. Cette ceinture verte se révèle donc être une véritable opportunité pour ces personnes mais là encore, le problème d’eau qui limite déjà l’activité des présents exploitants constituera sans doute un obstacle majeur à l’épanouissement de ces dernières.

Ceinture verte de la ville de Ouagadougou exploitée en saison pluvieuse

Pendant ce temps, les pays membres de la convention cadre des Nations Unies sur les changements climatiques peinent à trouver un accord satisfaisant de réparation des « pertes et dommages dus aux effets néfastes du climat  »  ,qui devrait contribuer sans doute à réduire la vulnérabilité de cette couche de la société la plus exposée de par son statut social.À la 27ème Conférence des Parties à la Convention Cadre des Nations-Unies sur les Changements Climatiques (COP27), les pays vulnérables aux effets des changements climatiques dont le Burkina Faso, ont obtenu des pays dits « riches »,un accord de création d’un fonds spécifique d’aide aux pays en développement dénommé fonds pour les ‘’pertes et dommages’’. Mais, le Secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, regrette malgré tout, le manque d’ambition de la COP 27, notamment sur la réduction des gaz à effet de serre. Le vice-président de la Commission européenne pour sa part, estime que,(je cite) : « Ce que nous avons là, c’est un pas en avant trop court pour les habitants de la planète. Il ne fournit pas assez d’efforts supplémentaires de la part des principaux émetteurs pour augmenter et accélérer leurs réductions d’émissions de gaz à effet de serre », (fin de citation).

Ayant en mémoire les difficultés de financement du « Fonds Vert Climat » en plus des présentes inquiétudes émises par ces hauts responsables au sujet de ce nouveau fonds pour les ‘’pertes et dommages’’, nous nous posons milles et une question :

« A quand la délivrance des femmes et jeunes filles burkinabés doublement vulnérables de par la situation sécuritaire délétère et au-delà, de celles africaines ? »

L’heure est sans doute à la mise en œuvre d’actions concrètes et surtout urgentes à même d’offrir aux femmes et jeunes filles burkinabès et africaines, des opportunités d’affaires qui leur permettront de gagner dignement leurs vies en campagne tout comme en ville quelque soit leurs statuts. Et pour se faire, l’intervention directe d’organisations nationales, sous régionales, africaines et internationales à l’image de FEMNET, le Réseau de développement et de communication des femmes africaines, est nécessaire et vivement attendue afin de donner aux femmes et aux jeunes filles, Burkinabè et africaines, les moyens d’être plus résilientes face à cette crise climatique et sécuritaire sans précédent. L’État Burkinabè pour sa part, a annoncé la mise en œuvre d’un vaste programme de production agricole de contre saison de plus de 10 milliards de francs CFA, dans le but de résoudre la crise humanitaire engendrée par celle sécuritaire et climatique, mais, une question se pose toujours :

« A quand l’effectivité de ce plan opérationnel agricole ?»

Tout en invitant les personnes et/ou institutions de bonne volonté à se manifester, nous osons croire que cette annonce du gouvernement de transition du 9 novembre 2022 ne restera pas au stade d’engagement politique, mais se traduira en actions concrètes sur le terrain au bonheur de tout un peuple.

 

Windinmi Rosalie OUÉDRAOGO

Burkina Info Tv

MOT DE LA PRESIDENTE

Ingénieur en Génie de l’Environnement, sciences et technologies, catastrophe environnement et santé publique, territoire environnement et santé. Sept années d’expériences en gestion, gouvernance et éducation environnementale, Changements climatiques, Energies renouvelables, Eau et Assainissement. Lire la suite

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