Le regard évasif, Oumou SORO ne sait plus à quel saint se vouer ! Natif de You,un village de la commune de Titao, une localité située dans la province du Loroum au Nord au Burkina Faso, Oumou âgée de 48 ans, veuve et mère de cinq (5) enfants n’avait que sa portion de terre pour nourrir sa famille.Tout en reconnaissant que de plus en plus le déficit de pluviométrie ne lui permet plus de récolter assez de céréales pour assurer l’alimentation de son ménage jusqu’à la prochaine récolte, elle auraittout de même aimé ne pas quitter sa terre natale pour Ouagadougou, une destination encore plus incertaine. « L’année dernière, juste avant que l’on ne soit chassé de notre village par les djihadistes, nous avons eu le temps de récolter, mais nous n’avons même pas eu une charrette remplie de céréale du fait de la rareté et de l’irrégularité des pluies » dit-elle. « Je pense que cela est dû au fait que la terre se dessèche au fur et à mesure » a-t-elle ajouté. Pour joindre les deux bouts et répondre aux besoins quotidiens des membres de sa famille, cette veuve mère était obligée de vendre des baignés en période de soudure.
Arrivée à Ouagadougou il y’a un peu plus d’un an du fait de la menace terroriste, Oumouet les membres de sa famille qui ont quitté leur village sans aucune ressource sont tous accueillie à Bissighin, un quartier non loti situé dans l’arrondissement 8 de la capitale par un de ses frères. Ce dernier lui a certes offert un toit, mais désormais, assure difficilement le repas quotidien de sa nouvelle famille élargie.
Malheureusement, Oumou, bien que valide, n’a jusque-là aucune opportunité de contribuer à assurer les charges de la maison. « Depuis que je suis à Ouagadougou, je ne mène aucune activité rémunératrice de revenus. Je ne fais que me tourner les pouces en longueur de journée », a-t-elle déclaré.
Elle aussi, Amsétou NIAMPA, jeune mère de vingt (20) ans s’est retrouvée à Ouagadougou sans aucune ressource et sans époux, puisse que ce dernier, une fois à Ouagadougou, est partit à l’aventure au Mali sur un site minier il y’a plus d’un an, sans donner aucun signe de vie jusque-là. Livrée à elle-même, autre fois productrice agricole dans la localité d’où elle a été chassée par les groupes terroristes, elle se rend parfois de ménage en ménage pour assurer la lessive de ceux-ci, moyennant une somme d’argent.
Qualifiées de personnes déplacées internes, de milliers de femmes burkinabè sont dans la même situation que Oumou et Amsétou, qui ne bénéficient d’aucune assistance, bien qu’elles entendent parler parfois d’enregistrement et d’assistance de personnes déplacées internes dans les communes. Tout en étant reconnaissantes à toutes les bonnes volontés qui les assistent parfois dans leurs situations délicates, elles souhaitent toutes pouvoir exercer un jour un métier qui leur permettra de gagnerdignement leurs vies. Elles souhaitent principalement pouvoir à nouveau pratiquer l’agriculture de saison ou de contre saison ou le commerce, tout en nourrissant l’espoir de regagner leurs localités d’origine.
Au-delà des femmes burkinabè, plusieurs autres dans plusieurs pays d’Afrique vivent dans des conditions similaires à celles de Oumou et Amsétou. Il serait donc louable que des institutions comme le Réseau de développement et de communication des femmes africaines (FEMNET) donnent aux femmes africaines les moyens d’être dans les espaces d’action climatique.
Rappelons que le Burkina Faso, pays sahélien situé dans la boucle du Niger, n’est pas exempté des conséquences néfastes des changements climatiques qui s’intensifient d’année en année. Face aux inondations, sécheresses, vagues de chaleurs et vents violents, la population à majorité rurale, pratiquant l’agriculture familiale de subsistance, vit de nos jour une situation de vulnérabilité sans précédent. Et, les femmes sont souvent parmi les groupes les plus vulnérables notamment en raison de leurs faibles revenus, de leurs difficultés d’accès à l’éducation ou aux processus décisionnels politiques et de leurs rôles ou statuts socio-culturels. Bien que la dimension du genre dans la lutte pour l’adaptation aux changements climatiques ait évolué et soit aujourd’hui plus présente dans les discours socio-politiques et portée à chaque conférence des parties à la convention cadre des Nations Unis sur les Changements Climatiques, les actions concrètes devant favoriser leur plus grande résilience laissent toujours à désirer.
Windinmi Rosalie OUÉDRAOGO
Burkina Info